Jeux olympiques 2024 ? Une fumée invisible chez nous…

Article : Jeux olympiques 2024 ? Une fumée invisible chez nous…
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13 juillet 2024

Jeux olympiques 2024 ? Une fumée invisible chez nous…

Alors que les Jeux olympiques 2024 à Paris débutent aujourd’hui, l’engouement mondial de l’évènement semble en réalité fausser compagnie à une terre en particulier : l’Afrique Centrale. Pourtant, le talent, contrairement aux dispositifs sportifs, ne manque pas…

On peut tout de suite s’exclamer et dire que les Jeux Olympiques sont pour les riches. Dans cette ambiance pittoresque, où presque toutes les nations du monde réunissent leurs meilleurs athlètes, s’affrontent en offrant des très bons spectacles et poussent la terre toute entière à vibrer à un rythme olympique, il existe un individu, quelque part perdu dans un vaste pays de l’Afrique Centrale, qui ne ressent aucun effet de cette prestigieuse compétition internationale.

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Les Jeux Olympiques, c’est pour les rassasiés

Naturellement, quand les besoins de base sont satisfaits, l’on pense à s’amuser : ventre plein, nègre content, dit-on. Et quand on est content, s’exposer dans cette compétition qui prône la solidarité et la paix entre tous les peuples devient donc possible. En effet, dans mon coin où le gagne pain quotidien devient précocement le combat de tous les jours, on peut s’interroger et dire que les JO constituent aussi un gagne pain surtout si on excelle dans une des disciplines.

Oui, c’est vrai. Ici chez moi, les disciplines sportives ne sont pas mises en valeurs, l’absence des dispositifs d’entraînement pour les athlètes est à déplorer. Pourtant, nombre d’organisations et d’experts ne cessent de parler du sport comme véritable vecteur de développements économiques et sociétaux. Alors certes, certains pays ont récemment investi dans le sport, comme la RDC pour les Jeux de la francophonie, le Cameroun pour la CAN de 2021 ou encore le Rwanda, ayant accueilli la Ligue africaine de basket en 2021 et s’apprêtant à recevoir les cyclistes du monde entier en 2025. Malgré tout, cela reste insuffisant.



On estime que le sport en Afrique représente seulement de 0,5% du Produit intérieur brut du continent contre 2% au niveau mondial. Je vous laisse donc imaginer la part du sport dans le PIB en Afrique Centrale. Pour cause ? Le manque d’investissement et d’accès à celui-ci, un capital humain peu formé, une faible gouvernance… Bref, l’environnement n’est pas propice et on peine à s’afficher au niveau continental, voire sous-régional. Alors, comment espérer prendre part aux JO ?

Le sport n’est pas qu’une industrie, pas qu’une économie. Il doit devenir un formidable vecteur de développement pour tous les États du monde.

Faire du sport un facteur de développement: un défi du XXIème siècle – Huffpost
Equipe de handball angolaise lors des Jeux Olympiques de Londres, 2012 / Crédit : Wikimedia Commons


Pourtant, du talent, il y en a

Notons tout de même que les gens de mon pays, comme les restes du monde, s’adaptent à leur milieu pour en tirer un profit. Voyons ce petit truc : passer toute son enfance à courir pied nu sous un soleil ardent sur le sable, n’est-ce pas là une préparation physique au préalable pour créer un athlète prodigieux ? Cela paraît fou que, malgré ces innombrables difficultés — que l’on ne peut citer entièrement — quelques passionnés parviennent à se distinguer. On dit que la plus bonne femme ne peut offrir que ce qu’elle a. Puisqu’on ne parvient pas à déployer sur la scène internationale des grandes stars dans les disciplines olympiques, ceux qui se sont infiltrés méritent en réalité tout le soutien possible. Je pense notamment à Casimir Betel, numéro 1 mondial dans sa catégorie au Taekwendo et grand espoir de médaille pour le Tchad, qui n’en a encore remporté aucune. Peut-être pouvons nous remplir la capitale et les panneaux publicitaires avec leur photo ? Ou bien, diffuser des petites publicités sur les chaînes de télévision nationales en leur honneur ? Mais je prends le pari qu’à 100%, cela ne sera jamais fait.



Un manque d’investissement fossoyeur de rêves

Avoir à ses côté des gens qui n’encouragent pas ce qu’on produit entraîne la destruction des rêves, surtout ceux des plus jeunes talents. Certains évoquent d’ailleurs l’émergence d’un « cercle vicieux » en raison du sous-développement du sport dans les pays en développement, dans lequel un investissement moindre dans le sport réduit le potentiel des athlètes à développer leur talent.

La nouvelle génération a donc un grand défi à relever si elle veut arriver au bout de ses rêves : emmener avec elle la région tout entière.

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Sous-développement du sport dans les pays en développement – Sportanddev

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